Lancée à une époque où la course automobile avait un lien direct avec la production de modèles spéciaux à des fins d’homologation, la Ferrari GTO (mieux connue avec le préfixe 288) n’a finalement pas pu exposer tout son potentiel au sein du championnat de Groupe B sur route. Cette catégorie régie par la FIA était surtout reconnue pour ses incroyables bolides de rallye, mais ce que peu de gens savent, c’est qu’il existait un chapitre sur piste.
L’annulation précoce de la catégorie jugée trop dangereuse a malheureusement tué le volet sur piste, transformant du jour au lendemain les 272 exemplaires produits de la Ferrari en voitures de route. L’affrontement 288 GTO vs Porsche 959 n’a donc jamais eu lieu, le constructeur allemand ayant récupéré sa voiture pour en faire une bête de rallye.
La Ferrari 288 GTO (pour Gran Turismo Omologato) avait également un énorme poids sur ses épaules, la première du nom, la 250 GTO étant déjà considérée comme la plus mémorable Ferrari de l’histoire à ce moment. Mais, contrairement à la troisième GTO – la 599 GTO présentée en 2011 qui était basée sur une plateforme de 599 GTB, celle apparue au Salon de Genève 1984 était carrément une voiture développée pour la course autorisée à rouler sur les routes.
Bien plus qu’une 308
La 288 GTO, contrairement à la F40 qui va reprendre le flambeau, reprenait plusieurs éléments de style de la Ferrari 308, mais à cause de la position longitudinale du moteur V8 biturbo de 2,8-litres de cylindrée, la 288 GTO adoptait un empattement plus long, et ce, même si la longueur totale de la voiture était plus courte que la 308. La 288 GTO paraissait donc quelque peu étirée.
Contrairement aux autres Ferrari de route, la 288 GTO faisait appel à un châssis tubulaire au lieu de l’arrangement habituel. Et pour économiser un maximum de kilogrammes, la carrosserie était un mélange de fibre de verre, d’acier, d’aluminium, de Kevlar et même de Nomex, le compartiment moteur étant composé d’une structure en aluminium recouverte de Kevlar et d’un mélange Kevlar/Nomex, deux matériaux réputés pour leur résistance au feu.
Malgré les ressemblances avec la populaire 308, la 288 GTO était relativement plus large que sa cousine, tandis que la suspension rivait la version spéciale au sol. L’un des aspects visuels qui rattachait la GTO moderne à son ancêtre se trouvait sur les ailes arrière, les trappes d’aération rappelant la mythique 250 GTO. Quant aux jantes exclusives de 16 pouces installées sur la voiture, elles étaient maintenues en place par un seul boulon… comme en sport motorisé! Ah oui, le capot arrière était ventilé au possible afin de permettre un bon refroidissement de la mécanique, celle-ci étant supplantée par deux refroidisseurs visibles à travers le grillage.
Outre ces modifications, la 288 GTO profitait aussi des ailerons ajoutés aux deux extrémités, tandis que les écussons sur les flancs étaient un indice de la vocation « course automobile » de la voiture au même titre que les autres dans l’histoire de la marque. Quant à la couleur de la carrosserie, la seule au programme était Rosso Corsa.
Petite mécanique, grosses performances
Contrairement à la 308, la 288 GTO avait besoin d’une configuration longitudinale à cause des deux turbocompresseurs refroidis par deux refroidisseurs, et ce, malgré la cylindrée réduite de 2,8-litres, un chiffre qui explique aussi pourquoi la voiture s’appelle « 288 GTO ». La puissance totale de la voiture grimpait à 400 chevaux-vapeur disponibles au-delà des 7000 tr/min et 366 lb-pi de couple disponible à partir de 3800 tr/min. Le huit-cylindres était placé devant la boîte de transmission manuelle à cinq rapports qui acheminait toute cette bagatelle au différentiel arrière.
Pendant une courte période, la 288 GTO a été considérée comme la voiture la plus rapide du globe, le 0-97 km/h étant parcouru en cinq secondes ou moins, la vitesse de pointe, à 304 km/h. L’arrivée de la Porsche 959 deux ans plus tard va inévitablement supplanter la voiture italienne qui, à son tour, sera battue par la plus évoluée Ferrari F40.
Habitacle dénudé
La deuxième GTO, malgré le fait qu’elle soit une voiture de route, avait été élaborée pour la course automobile avant tout. C’est ce qui expliquait son habitacle simpliste, mais confortable. Les sièges en kevlar dissimulés sous le cuir noir, la planche de bord recouverte d’un matériel non réfléchissant, le volant à trois branches, les jauges au fond contrastant orange, tout était pensé pour donner au conducteur une expérience mémorable. La GTO avait tout de même droit à un système de ventilation, tandis qu’il était possible d’équiper la voiture d’une chaîne audio.
La rareté d’une voiture homologuée
Avec seulement 272 exemplaires de cette exotique d’exception, la valeur de la deuxième GTO de l’histoire de Ferrari est en croissance constante. À titre d’exemple, l’an dernier, à l’occasion d’une enchère de la firme RM Auctions, une 288 GTO 1984 s’est vendue à une somme de 2 750 000$ américains. Les quelques chanceux qui ont pu mettre la main sur cette deuxième GTO détiennent aujourd’hui une belle italienne méconnue, mais qui heureusement, vaut son pesant d’or.