L’État passe à la vitesse supérieure dans la lutte contre les chauffards. Les radars classiques seront remplacés le 15 mars prochain, dans une vingtaine de départements, par des engins de nouvelle génération appelés radars mobiles. Et oui, car le radar mobile est celui qui, à la différence du fixe, pouvait être déplacé, n’étant donc que semi mobile puisqu’il devait être stabilisé pour fonctionner. Or les nouveaux spécimens, invisibles, calculeront votre vitesse, en mouvement.
Avant d’être mis en circulation, les radars passent une batterie de tests afin de certifier leur viabilité. Le nouveau radar est jugé conforme. Les anciens radars, fixes comme mobiles, étaient repérables de 3 manières : le panneau préventif, le dispositif (le radar en lui-même pour les fixes et l’attroupement de gendarmes ou policiers près de leur voiture pour les mobiles) et enfin, les flashes lorsqu’un malchanceux vous précédant faisait votre bonheur. À cela, il faut ajouter les détecteurs divers et variés.
Là, le radar sera complètement invisible. Pour commencer, il n’est ni installé, ni même posé et surveillé par une équipe, mais à bord d’une voiture, banalisée de surcroit. Aucun panneau ne les signalera puisqu’ils sillonneront la France et les agglomérations. Enfin, le capteur infrarouge installé dans la plaque d’immatriculation n’émettra aucun flash. Le gros du système (moteur, batteries, logiciels de calcul, etc.) est installé dans le coffre, et dans la plaque de devant est caché est détecteur de vitesse, infrarouge.
Quel changement ?
Pour la cible, c’est-à-dire vous, le gros changement sera immédiat : vous ne pourrez plus savoir si un radar est dans le coin ou non. Au début, la voiture banalisée roulera sur la file de droite, et ne s’occupera que des voitures qui la doublent, soit la majorité. Un œil aguerri et habitué saura reconnaitre son comportement suspect. Dans un deuxième temps, le mécanisme est prévu pour calculer les voitures roulant sur la voie inverse. À ce moment-là, il sera impossible de repérer quoi que ce soit, ni même de savoir si vous avez été flashé.
Depuis 2003, date clef de la lutte pour la sécurité routière, les chiffres des morts sur la route ne font que baisser. Un peu plus de 3 000 décès sont recensés chaque année. Parallèlement, la baisse de vitesse est de 10 km/h en moyenne. L’objectif de ce nouveau radar est de passer en dessous de la barre des 3 000 d’ici fin 2013. C’est pourquoi 300 radars doivent être installés ces 3 prochaines années, à raison de 100 par an. Car la vitesse excessive, bien que ne figurant pas dans les critères officiels des accidents de la route, est responsable selon la Sécurité Routière de la perte de 577 à 1281 vies en 2011.
Les faiblesses du système
Selon l’Automobile Club des Avocats (ACDA), fondé par Me Rémy Josseaume, il existe des failles non négligeables avec ce nouveau type de radars :
Pour une vitesse inférieure à 100 km/h : 10 km/h sont retranchés du résultat obtenu. Ainsi, sur une route limitée à 90 km/h, si vous êtes repéré à une vitesse de 98 km/h, seuls 88 km/h vous seront retenus, donc sous la vitesse maximale autorisée.
Pour une vitesse dépassant 100 km/h : 10 % sont retranchés. Ainsi sur une route limitée à 130 km/h, si vous roulez à 140 km/h, il vous sera retenu : 126 km/h.
Enfin, la photo étant prise après votre passage, ils n’auront jamais que des arrières de voiture, sans visage. Ainsi, rien ne prouve l’identité du conducteur. Le propriétaire devra donc payer une amende, mais aucun point ne lui sera retiré.
Pour que le radar puisse fonctionner, il faut au moins 20 km/h de différence entre la cible et le porteur. Si le radar est dans une voiture roulant à 89 km/h sur une route limitée à 90 km/h, que vous dépassez cette voiture à 101 km/h, soit 11 km/h de plus que ce qui est autorisé, il ne se déclenchera pas.